Si l’accueil réservé au visiteur étranger est toujours chaleureux, les Mossis* restent discrets sur les valeurs patriarcales séculaires auxquelles ils restent fidèles. A notre arrivée à Zongo, nous nous demandions, Jean-Marc et moi, pourquoi nous serions immiscés dans des coutumes et une culture ancestrales qui ne sont pas les nôtres. Il valait mieux ne rien précipiter et gagner la confiance des villageois et des autorités de Zongo.
Nos séjours répétés favorisent un discernement un peu empirique de ces valeurs et traditions. Nous avons été présentés dès 2008 aux Chefs de Zongo, le premier, le Teng Naaba est le Chef de la terre, il exerce un pouvoir politique. Enseignant de profession, le Chef de Zongo est un sage qui semble réaliser et accomplir la synthèse entre la tradition et les aspects bénéfiques du développement au service du village et de ses habitants.
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Le second chef est Le Tengsoba, propriétaire de la terre. Il est le descendant des premiers occupants de la terre et un des héritiers des chefs vaincus par les mossis au XIV ème siècle.

Dans la société précoloniale du Burkina Faso, la terre était une propriété collective dont la gestion déléguée incombait au Tengsoba, l’administrateur de la terre, missionné divin. La terre ne pouvait être sujette à une appropriation privative. Héritage communautaire,  elle n’était jamais vendue mais prêtée. Le Moagha se considère usufruitier de la terre, le véritable propriétaire étant le créateur de l’univers.

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Notre principal interlocuteur est le Samb Naaba, Chef des étrangers. Il est issu de la noblesse (Nakomsé). Présent lors de chaque moment clé du centre Bangr Zaandé, il est à la fois attentif, bienveillant et prêt à nous assister en cas de besoin.

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En raison du dénuement extrême dans lequel vivent les villageois, ce respect des racines et des traditions ancestrales constituent un ciment précieux pour l’ensemble de la communauté dont il préserve la dignité et la cohésion.
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Avant les années 60, Zongo était un village du plateau mossi comme tant d’autres.
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A partir des années 70, le village a été victime de sa proximité de Ouagadougou.  Autour de ce mégacentre urbain, une dramatique pénurie a succédé à l’abondance d’espaces d’autrefois.

Au hasard de migrations, des milliers de pauvres gens arrivés de partout et de nulle part, ont demandé à s’installer sur les terres du village.

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Des centaines de familles sont venues solliciter des concessions : comment refuser un lopin de terre à ces frères et soeurs dans le besoin ?

Des habitations se sont construites de façon de plus en plus anarchique au fil des années…

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Pour les autorités de Zongo la mission de préserver les traditions et le lien social constitue des responsabilités toujours plus diificiles à assumer. Le  Chef  de Zongo, Teng Naaba, offre son soutien aux associations qui , comme la nôtre, tentent d’améliorer le sort des habitants du village.

A côté du pouvoir coutumier, une administration et un pouvoir politique calqués sur les nôtres se sont développés sur l’impulsion  des  colons Français présents en Haute-Volta de 1898 à 1960. Le sol est devenu, depuis 1983, propriété de l’état. Nous notons que le Tengsoba de Zongo est membre de la commission municipale d’urbanisme qui tente de résorber la prolifération des habitats spontanés en lôtissant progressivement le secteur.
Les familles nécessiteuses feront les frais du lôtissement prochain de Zongo car elles se retrouveront sous peu, à nouveau contraintes d’aller construire plus loin leurs logements de fortune… Comment les suivre ?
* Mossi : dénomination francisée du peuple majoritaire du Burkina Faso (environ 7 000 000 de personnes). Le nom correct étant Moagha au singulier et Moosé au pluriel.

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